mardi, septembre 25, 2012

Bien-Aimé


Ecoute, o bien aimé ! (Voix de la Sagesse divine)
Je suis la réalité du monde, le centre et la circonférence.
J'en suis les parties et le tout.
J'en suis la volonté établie entre le ciel et la terre.
Je n'ai crée en toi la perception que pour être l'objet de Ma perception.
Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même.
Mais tu ne saurais Me percevoir à travers toi.
C'est par Mon regard que tu Me vois et que tu te vois.
Ce n'est pas par ton regard que tu peux M'apercevoir.
Bien aimé !
Tant de fois T'ai-je appelé, et tu ne M'as pas entendu.
Tant de fois Me suis-je à toi montré, et tu ne M'as pas vu.
Tant de fois Me suis-je fait douce effluve, et tu ne M'as pas senti,
Nourriture savoureuse, et tu n'as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu M'atteindre, à travers les objets que tu palpes,
Ou Me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne Me vois-tu pas ? Pourquoi ne M'entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pour toi Mes délices surpassent toutes les autres délices,
Et le plaisir que Je te procure, dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi, Je suis préférable à tous les autres biens,
Je suis la Beauté, Je suis la Grâce.
Aime-Moi, aime-Moi seul.
Perds-toi en Moi, en Moi seul.
Attache-toi à Moi,
Nul n'est plus intime que Moi.
Les autres t'aiment pour eux-mêmes,
Moi, Je t'aime pour toi.
Et toi, tu t'enfuis loin de Moi.
Bien aimé !
Tu ne peux Me traiter avec équité,
Car si tu te rapproches de Moi,
C'est parce qu'alors Je me suis rapproché de toi.
Je suis plus près de toi que toi-même,
Que ton âme, que ton souffle.
Qui donc parmi les créatures
Agirait de cette manière avec toi ?
Je suis jaloux de toi contre toi
Je ne te veux à personne d'autre,
Ni même à toi-même.
Sois à Moi, pour Moi, comme tu es en Moi,
Sans même que tu en ais conscience.
Bien-Aimé !
Allons vers l'Union.
Et si nous trouvions la route
Qui mène à la séparation,
Nous détruirions la séparation.
Allons la main dans la main.
Entrons en la présence de la Vérité.
Qu'elle soit notre juge
Et imprime son sceau sur notre union
A jamais.

Ibn 'Arabi

Chant final du Livre des Théophanies,

cité par Henri Corbin dans : L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn Arabi, p.137.

Höre, oh Mein Geliebter!
Du bist der Grund für das Dasein der Welt.
Du bist das Zentrum und die Sphäre.
Du bist ihr Ganzes und ihre Teile.
Du bist der Auftrag, der erteilt wurde zwischen Himmel und Erde.

Ich habe deine Wahrnehmung erschaffen,
nur damit du Mich darin wahrnimmst.
Und wenn du Mich wahrnimmst, nimmst du dich wahr.
Trachte nicht, Mich wahrzunehmen im Wahrnehmen deiner selbst.
Mit Meinem Auge siehst du Mich und dich.
Mit dem Auge deiner selbst siehst du Mich nicht.

Geliebter,
Wie oft habe Ich dich gerufen, und du hörst Mich nicht.
Wie oft stand Ich vor dir, und du siehst Mich nicht.
Wie oft enthüllte ich Mich in Wohlgerüchen, die du nicht einatmest,
und in Aromen, die du nicht schmeckst um Meinetwillen.

Was stimmt nicht mit dir,
dass du Mich nicht spürst, wenn du berührst?
Warum erkennst du Mich nicht im Duft des Moschus?
Warum siehst du Mich nicht? Warum hörst du Mich nicht?
Was ist los mit dir?
Was stimmt nicht mit dir?

Ich bin dein berauschendstes, dein allerhöchstes Entzücken.
Meine Sehnsucht nach dir brennt stärker
als jeder Wunsch nach etwas anderem.

Ich bin besser für dich als jedes andere Gut.
Ich bin der Schöne.
Ich bin die Anmut.
Liebe Mich, liebe Mich. Liebe Mich allein.
Begehre Mich heiß und innig.

Verzehre dich nach Mir,
entsage jedem anderen Anspruch.
Nimm Mich auf. Empfange Mich.
Keinen Vertrauten wirst du finden wie Mich.
Alles will dich für sich selbst,
doch Mir geht es um dich.
Du aber, du meidest Mich.

Geliebter,
du kannst Mich nicht treffen auf halbem Weg zu Mir.
Mein Entgegenkommen reicht hundertmal weiter
als deine Schritte hin zu Mir.
Ich bin dir näher als du selbst.
Und dein Selbst, das all dies tut,
ist anders als Ich – erschaffen.

Geliebter,
Ich bin eifersüchtig auf dich und wegen dir.
Ich ertrage es nicht, dich bei anderen zu sehen oder bei dir selbst.
Sei mit Mir und in Mir.
Sei, so wie du bist, bei Mir.

Dann, Mein Geliebter,
wirst du die Einheit noch nicht einmal fühlen.
Die Einheit!

Und sollten wir auf einen Pfad stoßen, der zur Trennung führt,
dann werden wir uns trennen von der Trennung.

Geliebter,
komm, lass uns Hand in Hand die Wirklichkeit betreten.
Sie soll unser Richter sein
mit dem Urteilsspruch der Ewigkeit.

Geliebtes Gegenüber,
wo Liebende sich streiten, findet sich keine Freude.
Genuss liegt im Beieinandersein.
Wie sagt doch der Dichter:
»Ich wünschte sie tot, so sehr liebe ich sie,
auf dass sie mir gegenübersteht am Jüngsten Tag.«

Oh, mein Herz!
Oh, mein Herz!

Übertragung aus dem Arabischen © Abraham Abadi und Aaron Cass
Deutsche Übersetzung © Robert Cathomas / Chalice Verlag

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